Murmures et tangos (et autres musiques)

Sebastian Studnitzky : le chant de la trompette

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Sebastian Studnizky a obtenu un titre de meilleur trompettiste de l’année 2015. KY organic est son nouvel album (Contemplate Music//Einetunes/Cargo). On entend ici une trompette très originale, émouvante souvent, brillante parfois, heureuse souvent.
Mais Studnitzky qui est professeur de trompette à Berlin et à l’Académie de musique Carl Maria von Weber à Dresde joue aussi du piano de très belle manière et, plus encore peut-être, il compose des musiques originales, inventives, pleines de liberté et de clarté. (On notera que l’un des neuf thèmes à été coécrit avec Alisa Bergwerk. Sebastian Studnitzky est accompagné de Laurenz Karsten (g), Paul Kleber (b) et Tim Sharan (dm). Ce quartet est parfaitement équilibré et nous offre un véritable beau moment de respiration musicale, d’ouverture sur le monde et sur nous-mêmes.

 

 

Les doux murmures de Tom Bourgeois

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Tom Bourgeois est un compositeur belge, saxophoniste et clarinettiste (basse). Il vient de publier son premier double album qui porte le beau titre de « Murmures » (Neuklang/Pias). Son groupe est formé de trois instrumentistes et d’un chanteur Lois Le Van. Aux côtés de Tom Bourgeois on trouve donc deux autres protagonistes, l’accordéoniste Thibault Dille et le guitariste Florent Jeuniaux.

Cet enregistrement est organisé en deux parties: le premier CD est fait de dix compositions du saxophoniste tandis que le second est une sorte de remise en musique (et en partie en paroles) du quatuor pour cordes en fa majeur de Maurice Ravel.

Tout cela est extrêmement travaillé. Chaque « voix » est à sa place à tout moment. C’est dire que l’on entend dans chacun des ces « murmures »une grande application, une précision minutieuse. Mais surtout il y a ici une invention, une originalité, des couleurs propres, des climats sombres ou clairs, souvent estompés, faits davantage de discrétion que de prétention, appelant de la sorte davantage l’auditeur à l’attention et, somme toute, à la participation plutôt qu’à la distraction ou même à la seule spontanéité. Qu’il faille « prêter » l’oreille, donner un part de soi-même pour entrer dans ces univers si étonnants est donc une certitude. C’est ce qui fait la pertinence-même de cet ouvrage à découvrir en s’y adonnant pleinement.

 

 

L’adresse de Daniel Karlsson

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Il fut le pianiste du groupe Oddjob et celui du batteur (ex E.S.T.) Magnus Öström. Il est Suédois et vit, nous dit-on sur une petite île du nom de Runmarö. Ce qui fait peut-être de Daniel Karlsson un homme rigoureux et d’une grande adresse. Mais, si sa musique est sans aucun doute ordonnée (on n’y entend pas beaucoup d’improvisation…), elle ne s’embarrasse pas davantage de règles qui ne laisseraient pas de place à la joie ou à l’humeur mutine. Il y a ici, sous le titre « Ding Dong » (qui est en lui-même une sorte de programme ludique) (Brus & Knaster/Autre rivage) beaucoup d’enthousiasme, outre le savoir-faire qui anime les trois musiciens (Christian Spering – basse et violoncelle – et Frederik Rundqvist – batterie et percussions – complètent le trio), et aussi beaucoup de clartés, de lumière dans les lignes mélodiques. Au même moment tout cela est mis en place de façon parfaite.

Au demeurant, on peut aussi ressentir parfois comme une limite à s’emporter véritablement et donc à nous entraîner aussi loin que nous aimerions aller… même sans le savoir.

 

 

Sébastien Martineau: l’ambition de la musique

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« One » est le premier enregistrement du guitariste Simon Martineau (Wee See Music/Absilone). Simon Martineau a l’intelligence de ne pas considérer la guitare comme un instrument qu’il faudrait maltraiter pour être soi-même remarquable. C’est pourtant un instrument qui le fut, maltraité ! Par des compétitions de dextérité qui ont trop souvent remplacé ce que la guitare comporte en elle, au plus profond d’elle, de capacité à s’exprimer simplement, sans excès de telle ou telle sorte, sans bruit et surtout sans précipitation. Simon Martineau nous offre ainsi des sonorités qui surprennent et qui souvent envoûtent.

Il est entouré de trois musiciens: Robin Nicaise (sax) qui est avec Martineau l’autre compositeur des thèmes de ce disque, Blaise Chevallier (b) et Fred Pasqua (dm). C’est peut-être là, que parfois, le bât blesse. Non pas sur la qualité, ni technique, ni sans doute inventive de ceux-ci. Ce qui paraît sur quelques plages faire défaut c’est la place de la guitare. Celle-ci se trouve alors trop près du saxophone (« trop près » ne sera pas ici précisé et il y a bien sûr plusieurs façon de l’entendre…) ce qui implique parfois qu’elle est un peu « au second plan » alors qu’on l’aimerait plus présente, plus « unique » en quelque sorte. Robin Nicaise n’est en rien responsable de cela. Il s’agit peut-être d’orchestration, peut-être d’autre chose. Mais le parti-pris de Simon Martineau mériterait sans doute d’être poussé plus loin, d’être comme radicalisé: la guitare peut être le plus bel instrument mais il faut alors, en toute circonstance, qu’il soit le premier.

 

 

 

Louise Jallu: le jazz et le tango

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Il y a ici mille belles choses. N’y cherchons pas le jazz, le swing de Benny Goodman, la trompette de Louis, le saxophone de Bird ou de Coltrane. Mais on le débusquera souvent. Ou même, ici ou là, il nous surprendra. Pourtant, l’important n’est pas là. Sauf à dire que sous le titre générique de « Notes de jazz » on ne doit pas sortir de ce qu’on appelle aujourd’hui sa « zone de confort ».
Louise Jallu est une jeune femme dont l’art est celui du tango et du bandonéon. Mais on trouvera dans l’un et l’autre des deux enregistrements composants « Francesita » (double CD Klarthe/Harmonia Mudi) bien des musiciens qui connaissent le jazz sur le bout des doigts. On y découvrira aussi des tonalités, des inspirations, des « traductions », des couleurs venues du jazz.

Dans le CD enregistré avec son propre groupe, Louise Jallu est entourée du violoniste Mathias Lévy, du pianiste Grégoire Letouvet et de la contrebasse d’Alexandre Perrot. Et aussi de deux invités: le guitariste Claude Barthélémy qui joue ici du oud et de Sanseverino.
Le second CD est enregistré en solo ou bien avec des invités: Katerina Fotinaki (voix), Tomas Gubitsch (guitare électrique), Grégoire Letouvet (piano), Anthony Millet (accordéon), César Stroscio (bandonéon) et Claude Tchamitchian (basse).
Tout cela est plein de merveilleuses nuances, autant d’espoirs que de désespoirs, de joie que de quelques pleurs. Toute la musique de cette double « Francesita » (en hommage à ces femmes « envoyées » en Argentine pour être livrées aux maisons « closes » d’un pays où les mâles étaient alors trop nombreux (mais est-ce là la moindre excuse?), toute cette musique est belle. Très belle.
Signalons en appendice le travail du label Klarthe qui réunit toutes les musiques possibles. Non côte à côte. Mais entre elles.



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