Dernières parutions: Elodie Pasquier, Alice’s Mirror, Bruno Tocanne, M&T@L et Jason Palmer avec Round Trip trio

 Dernières parutions: Elodie Pasquier, Alice's Mirror, Bruno Tocanne, M&T@L et Jason Palmer avec Round Trip trio b_1_q_0_p_0e-300x184

 « Mona » par Elodie Pasquier, le « trouble » de la musique

 

Il n’est pas si facile de parler de la musique du très beau disque d’Elodie Pasquier qui porte le titre de « Mona » et qui est sorti il y a quelques semaines sur le Label Laborie (avec, il faut le souligner une superbe présentation du CD due au photographe Jean-Baptiste Millot, aux illustrations remarquables de Juliette Zanon et au design de Martial Muller). Ce n’est pas si aisé, parce que la constance du trouble tout au long de cet enregistrement est si intense que cette musique, comme par surprise, s’imprègne aussitôt en vous.

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La déroute est probablement le chemin d’Elodie Pasquier et comme celui-ci est sans aucun doute le meilleur que le jazz ou que la musique tout entière puisse nous donner, alors nous ne pouvons que l’emprunter, nous laisser prendre par ce mouvement incessant, parfois violent, parfois infiniment plus docile. Et surtout on ne peut s’empêcher d’être pris de « désir », épris du flot de la musique, de la clarinette d’Elodie Pasquier, des rythmes et des mélodies dont ses compagnons sont tous de magnifiques guides. On ne peut rien distinguer d’eux ou plutôt on ne peut rien en dire et surtout pas que l’un serait plus ceci et l’autre plus cela. « Mona » est un groupe et il est cela avant d’être un rassemblement de personnalités pour une occasion plus ou moins exceptionnelle.

Hilmar Jensson joue de la guitare, Fred Roudet de la trompette et du bugle, Teun Verbruggen de la batterie, des percussions et d’ « effets » et Romain Dugelay du saxophone baryton ou ténor.

« Mona » c’est comme le meilleur d’une musique libre, totalement libre et audacieuse, une musique libératrice, heureuse, joyeuse, généreuse. Pas si aisée cependant, souvent débordante : mais n’est-ce pas ainsi que l’on se devrait d’aimer, d’aimer la musique ? Sans retenue.

 

Le désordre apparent d’Alice’s Mirror Quartet

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Y a-t-il plus fertile équilibre, harmonie plus subtile et plus équilibrée que celle du désordre, celle qui renverse l’ordre pour créer un monde qui a son organisation propre ? Le Mirror Quartet du saxophoniste ténor Florent Dupuit (membre de Ping Machine) illustre da façon aigüe, comme une inébranlable fragilité que c’est bien dans le renversement, néanmoins inventif, sans ordonnancement mais sans chaos absurde que l’on peut dire des musiques qui vous emmènent loin. Loin, de l’autre côté du miroir. Qui ont d’étranges pouvoir comme celui sans doute de laisser venir à vous les régions lointaines de votre être. Lointaines sans doute, mais peut-être si proches, les premières.
Il serait ainsi absurde de vouloir décrire avec des mots, avec des phrases faites de mots, de syntaxe et de grammaire, la musique d’ « Apparent Disorder » (Le fondeur de son records). Chacun ne peut la recevoir, l’entendre, qu’au travers de sa plus intime subjectivité. Mais se plonger, se laisser emporter par elle est une expérience que l’on n’oublie plus.

(Outre Florent Dupuit qui signe toutes les compositions (sauf l’une d’entre elles intitulé « Il teatrino delle suore » de Nino Rota) les trois autres membres du quartet son Zad Dupuit (piano), Yoram Rosilio (contrebasse) et Philippe Istria (batterie).

 

 

Les chants rêvés de la mer de Bruno Tocanne

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Le texte de présentation de cet enregistrement qui fait d’entrée référence à la source de cette musique, à savoir la chanson de Robert Wyatt « Sea Song », nous dit que cette dernière est « obsédante, sensuelle et cauchemardesque à la fois. » Ceci n’est pas faux et ces qualificatifs pourraient s’appliquer à ce « Sea Song(e)s » du batteur Bruno Tocanne (Cristal Records). Evidemment « cauchemardesque » n’est pas forcément le terme le plus « sympathique » qu’on le veuille ou non. Il faut donc dire d’entrée qu’il ne reflète que très partiellement le climat de tel ou tel thème de ce disque. On devrait plutôt (car il me semble plus justement – en tout cas pour ce qu’il en est du quartet de Bruno Tocanne – que pourrait convenir quelque chose comme un « sombre onirisme » qui, somme toute, n’est pas tout à fait un cauchemar.

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Et oui, il y a ici de l’obsession – chez les musiciens mais aussi chez l’auditeur qui est souvent comme hypnotisé – et de la sensualité à tout instant.
Sophia Domancich (piano) et Rémy Gaudillat (trompette, bugle) sont au cœur de Sea Song(e)s, ils en sont l’âme battante. Tandis que Bruno Tocanne en est comme l’ordonnateur discret.
Pour ce qui me concerne (d’autres peuvent évidemment être d’un avis tout différent) je trouve que cette musique aurait sans doute mérité d’être seule, dégagée le plus souvent de tout texte, hésitant ici entre l’à peine chanté (« Nuits des armées ») et la gorge déployée (« I Danced »). Sans que tout cela apporte davantage. Au risque de perdre parfois quelque chose malgré le talent incontestable d’Antoine Läng (voix, effets, claviers). Il est toujours difficile et donc hasardeux d’associer musique et texte (l’équilibre est en lui-même un péril). Sauf dans la chanson. Et c’est ainsi que se termine l’enregistrement : par une reprise du « Sea Song » de Robert Wyatt. Comme un retour à l’origine.

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Les autres univers : M&T@L « Hurlant »

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Le trio Maxime Zampieri (batterie), Thomas Puybasset (saxophone) et Laurent David (basse) qui porte le nom étrange de M&T@L revient pour son deuxième enregistrement sous le titre de « Hurlant ». On appréciera évidemment la référence. Mais ceci pourrait bien n’être qu’une sorte de jeu.

Comme pourrait l’être cet album lui-même. Mais, disons-le d’entrée, la musique de « Hurlant » est toute réussie, faite de multiples couleurs, d’inventions maîtrisées et heureuses, enthousiasmantes.

Il faut cependant dire que « Hurlant » est inspiré des fanzines Metal Hurlant qui mêlait la bande dessinée avec le rock progressif et d’autres formes artistiques. Le CD (Label Alter Nativ/ UVM) a été composé et enregistré en une semaine au studio de la Maison des artistes de Chamonix en collaboration avec Fanny Coulm qui créait en même temps sa propre chorégraphie en interaction constante avec la musique en train de se faire, en train de surgir. (photo Raphaël Brigliadori).

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C’est certainement ainsi qu’il faut écouter ce disque : en imaginant la danse faute de l’avoir sous le regard.
Il nous est dit ici que la danse est, non pas ce qui accompagne la musique, la musique ce qui ferait la danse, mais que la danse et la musique sont tout un, qu’elles sont la même chose, le même art, faites de la même vie, la vie elle-même.
Dans les mondes étranges de M&T@L que cela hurle ou non, il y a l’air de la danse. Même les titres de chaque pièce sont des mots qui dansent, qui perdent l’équilibre et le regagnent sans cesse. Comme « Arzach et son ptéroïde », « Codex seraphinianus », « Un léopard ne peut pas changer ses taches » ou encore précisément, « Univers parallèles ». C’est ainsi, en dansant, que M&T@L nous emmène dans d’autres mondes. De nouveaux mondes.

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Round Trip Trio & Jason Palmer : une fragile perfection

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Le trio formé par le pianiste Bruno Angelini, le bassiste Mauro Gargano et le batteur Julien Augier – autrement dit le « Round Trip Trio – a invité le trompettiste Jason Palmer pour créer la musique ici enregistrée sous le titre « Travelling High » (Fresh Sound Records).

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C’est le début d’une aventure en plusieurs étapes puisque le trio a décidé d’inviter pour chacun de leurs projets à venir un musicien américain, idée imaginée par Julien Augier qui a passé douze années aux Etats-Unis dont la moitié à New York.
Jason Palmer qui inaugure donc ce voyage éclaire magnifiquement cette première étape. Il a joué avec Roy Haynes, Herbie Hancock, Wynton Marsalis, Lee Konitz, Greg Osby, et il est actuellement le trompettiste attitré de Ravi Coltrane et de Mark Turner. Le son, le phrasé, les rythmes sont toujours très beaux, superbement servis par Jason Palmer et l’ensemble du groupe est d’un équilibre parfait. Cette « perfection » n’est possible ici – ce qui n’est pas un paradoxe – que dans la mesure où, parfois, elle semble sur le point d’être perdue, abandonnée, on ne sait trop pourquoi. Ni comment non plus. Mais ce qui saisit c’est précisément cela : une sorte de fragilité et d’assurance mêlées. Là se trouve l’alchimie de ce groupe sans doute malheureusement éphémère.

 

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